Mise en garde contre la venue de Madame Vassula Ryden dans le diocèse de Strasbourg 26.11.2012 www.diocese-alsace.fr

L'Association française « La vraie vie en Dieu », qui promeut les activités de Madame Vassula Ryden, annonce sa venue prochaine à Strasbourg, le vendredi 23 novembre, où elle tiendra une conférence.

La Congrégation romaine pour la Doctrine de la Foi s'est prononcée à plusieurs reprises à son sujet, en émettant de grandes réserves et en ne reconnaissant pas le caractère surnaturel de ses messages. Elle recommande aux catholiques de ne pas cautionner les activités de cette personne en y participant.

Le Saint-Synode du Patriarcat œcuménique de Constantinople s'est prononcé de manière identique récemment, puisque Madame Vassula Ryden était membre de cette Église.
Je tiens à porter à la connaissance des catholiques du diocèse de Strasbourg que cette manifestation n'est d'aucune manière reliée à l'Église. Les actes à caractère religieux – offices, prières de délivrance et de guérison – s'ils ont lieu, le seront en dehors de la communion avec l'Église catholique.

+ Jean-Pierre GRALLET
Archevêque de Strasbourg


03/01/2010 SARAJEVO, 3 jan 2010 (AFP) - Un évêque critique la visite à Medjugorje de l'archevêque de Vienne la-Croix.com

L'évêque de Mostar a critiqué dimanche la visite fin décembre du cardinal-archevêque de Vienne au lieu de pèlerinage de Medjugorje, dans le sud de la Bosnie-Herzégovine, théâtre pour de nombreux catholiques d'apparitions miraculeuses que le Vatican ne reconnaît pas. Dans un communiqué, l'évêque Ratko Peric estime que la visite "privée" du cardinal Christoph Schönborn à Medjugorje et les déclarations qu'il a faites à cette occasion ont nui à la "paix" et à "l'unité" des catholiques locaux. "Je regrette que le cardinal ait ainsi ajouté (...) aux tourments déjà existants de l'Eglise locale de nouveaux tourments qui ne contribuent pas à sa paix indispensable et à son unité", déclare l'évêque de Mostar, dans le diocèse duquel se trouve Medjugorje. "Je souhaite dire aux fidèles que la venue et les activités publiques du cardinal Christoph Schönborn ne signifient pas une reconnaissance de l'authenticité des 'apparitions' de Medjugorje", ajoute Mgr Peric. Le cardinal Schönborn, réputé proche du pape Benoît XVI, est arrivé le 28 décembre à Medjugorje pour une visite "privée". Il y a passé plusieurs jours et a notamment prononcé un discours devant des pèlerins dans une église. Un grand nombre de catholiques croient que la Vierge est apparue à six enfants sur une colline qui surplombe Medjugorje le 21 juin 1981 pour la première fois et que les apparitions se poursuivent depuis. Bien que le Vatican ne reconnaisse pas de miracle à Medjugorje, le petit village est devenu un site important de pèlerinage, et des fidèles de tous les parties du monde continuent à s'y rendre. Dans son communiqué, l'évêque de Mostar se déclare préoccupé par les "abus" de certains prêtres franciscains de Medjugorje qui échappent à la hiérarchie de l'Eglise et exercent toujours leur sacerdoce bien qu'ils aient été révoqués par le Vatican. Pour Mgr Peric, la visite du cardinal Schönborn "pourrait s'expliquer comme un soutien (...) à un grand nombre de nouvelles communautés et associations religieuses désobéissantes de Medjugorje, qui peuvent 'lire' dans la visite du cardinal un encouragement à leur désobéissance".


29.09.09 Les apparitions de Medjugorje Elles ne sont pas reconnues, rappelle l'évêque
par Constance de Buor lavie.fr

Les croyants ne peuvent pas faire comme si les apparitions de la Vierge à six jeunes garçons et filles de Medjugorje (en Bosnie-Herzégovine) étaient réelles et « dignes de foi ». La position de l'évêque de Mostar, Mgr Ratko Peric, est claire. Fin septembre, celui-ci a publié (en italien) sur le site internet de son diocèse (« Il contesto del "fenomeno di Medjugorje" », I/II/III) une homélie prononcée le 6 juin, lors de la confirmation d'adolescents de Medjugorje, ainsi que des lettres adressées aux prêtres de cette paroisse franciscaine. « Les responsables de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi et la secrétairerie d'État du Vatican m'ont confirmé que l'Eglise catholique n'a jamais reconnu les apparitions comme authentiques », y rappelle l'évêque.
Les prêtres extérieurs à la paroisse ne peuvent donner de conférences ou prêcher de retraites sur place sans la permission écrite de son bureau, recadre également Mgr Peric, relayé par Catholic News Service.
L'évêque a remercié le père Petar Vlasic, arrivé à Medjugorje en 1999, pour sa façon de traiter « le phénomène de Medjugorje », qui a commencé en 1981. Et interdit en revanche au père Danko Perutina, un des vicaires de la paroisse, de continuer de commenter les messages que l'une des « voyantes » dit recevoir encore le 25 de chaque mois.
Ce rappel à l'ordre fait suite à de nombreuses polémiques autour des apparitions prétendues. Fin juillet encore, le diocèse de Mostar avait officialisé la réduction à l'état laïc du père Tomislav Vlasic, qui s'est imposé dès le début de l'histoire comme accompagnateur spirituel des « voyants ». En 1987, il avait quitté la Bosnie après avoir eu un enfant avec une franciscaine. Le Vatican l'avait sanctionné en 2008 pour avoir refusé de coopérer avec la Congrégation pour la doctrine de la foi qui le soupçonnait de « diffusion de doctrine douteuse, manipulation des consciences, mysticisme suspect, désobéissance aux ordres légitimes » et adultère.
Ce franciscain a désormais l'« interdiction absolue d’exercer quelque forme d’apostolat » et la « défense absolue de faire des déclarations en matière religieuse, spécialement en ce qui regarde les "phénomènes de Medjugorje" ».


29/07/2009 Le prêtre accompagnateur des voyants de Medjugorje sanctionné par Rome la-corix.com
Le P. Tomislav Vlasic a été réduit à l’état laïc et ne pourra plus s’exprimer sur les phénomènes de Medjugorje
Benoît XVI a réduit à l’état laïc le franciscain Tomislav Vlasic, accompagnateur spirituel des six voyants de Medjugorje (Bosnie-Herzégovine). Depuis février 2008, le P. Vlasic était frappé d’interdit et assigné à résidence au couvent de L’Aquila (Italie) après avoir refusé de coopérer avec la Congrégation pour la doctrine de la foi.
« Dans le contexte des phénomènes de Medjugorje », celle-ci enquêtait en effet depuis plusieurs mois sur le cas du P. Vlasic « pour diffusion de doctrine douteuse, manipulation des consciences, mysticisme suspect, désobéissance aux ordres légitimes » mais aussi pour adultère, selon un document signé par le cardinal William Levada, préfet de cette Congrégation, et publié par le site Internet du diocèse de Mostar.
« Le Saint-Père, accueillant la demande du P. Tomislav Vlasic (…), responsable de conduites préjudiciables à la communion ecclésiale tant en matière doctrinale que disciplinaire, et sous le coup de la censure de l’interdit, lui a concédé la grâce de la réduction à l’état laïc », a confirmé le P. José Rodriguez Carballo, ministre général de l’ordre franciscain, dans une lettre adressée le 10 mars au provincial de Bosnie-Herzégovine et qui vient d’être rendue publique.
Chaque année plus de deux millions de pèlerins
Le P. Vlasic est également relevé de ses vœux religieux. Si le pape a levé la censure d’interdit, Tomislav Vlasic demeure soumis à des règles de conduite très strictes, sous peine d’excommunication, précise le ministre général des franciscains, notamment l’« interdiction absolue d’exercer quelque forme d’apostolat que ce soit » et la « défense absolue de faire des déclarations en matière religieuse, spécialement en ce qui regarde les “phénomènes de Medjugorje” ».
Le P. Vlasic avait accompagné les voyants de Medjugorje dès les premiers mois de ces prétendues apparitions – en 1981, et quasi quotidiennes depuis – au point que Mgr Pavao Zanic, évêque de Mostar, l’avait accusé d’avoir créé le phénomène. En 1987, ayant eu un enfant avec une franciscaine, il avait quitté la Bosnie pour fonder une communauté religieuse mixte à Parme (Italie).
Même si Medjugorje attire chaque année plus de deux millions de pèlerins, ces apparitions n’ont été reconnues officiellement par l’Église ni au plan local, ni au niveau universel. « On ne peut pas affirmer que ces questions concernent des apparitions ou des révélations surnaturelles », ont estimé en 1991 les évêques de Yougoslavie. Et dès 1985, le cardinal Ratzinger, alors préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, avait interdit tout pèlerinage public au sanctuaire.
Nicolas SENEZE
11 avril 2009 Un bémol sur les apparitions de la Vierge
Mathieu Perreault
Le Vatican travaille sur de nouvelles règles pour restreindre la reconnaissance officielle des apparitions de la vierge Marie. Ces manifestations, très importantes dans la piété populaire, sont vues avec suspicion par les hauts prélats, qui y voient des risques de dérapages vers la magie qui discréditent l'Église.
Les apparitions de la Vierge suscitent de l'intérêt même au Québec. En 1986, une icône de la Vierge avait provoqué tout un émoi à Sainte-Marthe-sur-le-Lac, en banlieue de Montréal. Une matière graisseuse suintait de l'icône, située dans une résidence privée. Il s'agissait toutefois d'une supercherie.
Les nouvelles règles entourant les apparitions mariales ont été engendrées par la reconnaissance hâtive d'une manifestation de ce type à Civitavecchia, un port près de Rome. L'évêque de Civitavecchia a été remplacé en 2007 après avoir confirmé qu'une statue de la Vierge pleurait des larmes de sang. Le pape Benoît XVI, ont noté les vaticanistes, a mis en sourdine la dévotion mariale de son prédécesseur, Jean-Paul II. En particulier, Jean-Paul II avait souvent évoqué la vierge de Fatima, au Portugal, dévoilant en 2000 son «troisième secret» - elle aurait prédit l'attentat contre le pape de 1981. L'un des premiers voyages de Benoît XVI a été fait à Lourdes, une décision interprétée comme une prise de distance avec le culte de Fatima.
«Le Vatican a toujours été très prudent avec les apparitions mariales», explique Gilles Routhier, théologien à l'Université Laval.
Donald Tremblay, prêtre du diocèse de Saint-Jérôme, précise que «les phénomènes surnaturels sont très, très rares. Dieu n'utilise pas habituellement ce moyen pour communiquer avec les humains. Mais l'être humain étant ce qu'il est, un miracle émerveillera toujours. Certains vont malheureusement faire un dogme de ces lieux d'apparition, ça va devenir l'essentiel de la démarche spirituelle.
Ce n'est pas la Vierge qui sauve le monde, c'est le Christ.»

Lieux où est apparue la Vierge (Apparitions reconnues par l'Église catholique)
39: Zaragoza, Espagne
352-366: mont Esquilin, Rome,Italie
1061: Walsingham, Angleterre
1208: Prouille, France
1251: Cambridge, Angleterre
1531: Guadalupe, Mexique
1664-1718: Saint-Étienne-le-Laus, France
1830: rue du Bac, Paris, France
1846: La Salette, France
1858: Lourdes, France
1871: Pontmain, France
1917: Fatima, Portugal
1932-33: Beauraing, Belgique
1933: Banneux, Belgique
1973: Akita, Japon
Source: Catholic News


S.Exc. Mgr Eduardo Porfirio PATIÑO LEAL, Évêque de Córdoba (MÉXIQUE)
Aujourd'hui, aider à comprendre la juste relation entre la Révélation publique et constitutive du Credo chrétien et les révélations privées revêt une importance particulière (Grandes lignes 8). Des exemples lumineux en sont l'Encyclique Haurietis Aquas de S.S. Pie XII et la note explicative au Troisième Secret de Fatima de celui qui était alors le Cardinal Ratzinger. Nous reconnaissons avec gratitude les fruits spirituels que Dieu a concédé à l'Église, par le biais de ces expériences religieuses. Le numéro 7 du Document de travail constate que, fréquemment, l'actuelle expérience religieuse est "plus émotive que convaincue, à cause du manque de connaissance de la doctrine": on tend plutôt vers la subjectivité et le plaisir de se créer une religion à la mesure de chacun. Les personnes simples et de bonne volonté sont attirées par de prétendues manifestations mais, parfois, elles se transforment en groupes religieux isolés à l'intérieur de l'Église Catholique, groupes qui diffusent des dévotions et des orientations spirituelles dont l'origine se trouve dans des "messages et des révélations privés", qui doivent être évalués avec prudence et, dans tous les cas, donner une impulsion à la Révélation publique intégrale dans la Tradition vivante de l'Église. On propose donc de réaffirmer la doctrine de la Verbum Dei 4 et du Catéchisme de l'Église Catholique 66-67 et de réitérer aux pasteurs la recommandation de canaliser de manière appropriée ces expériences religieuses par le biais de critères adaptés à l'environnement de mobilité et de mondialisation dans lequel nous vivons.
zenit.org

Medjugorje : la position officielle de l’Église 11.4.2008
Thierry Boutet
libertepolitique.com
Pour de nombreux catholiques, la question de l’authenticité des apparitions de Medjugorje, n’est pas tranchée. Or il n’en est rien. L’Église ne reconnaît pas le caractère surnaturel des apparitions. Mais si ces apparitions ne sont pas authentiques, cela ne signifie pas que les grâces nombreuses qui ont été reçues par des milliers de pèlerins sincères ne le soient pas.
LE 21 MARS DERNIER, dans un entretien publié par le Vecernji list, le cardinal Vinko Puljic, archevêque de Sarajevo, a confirmé que la conférence épiscopale de Bosnie-Herzégovine qu’il préside, n’était plus concernée par le dossier « Medjugorje ». Il a fait référence à un communiqué officiel des évêques de Toscane, à la suite de leur visite ad limina. Ce communiqué, publié l’an dernier à la demande de Mgr Angelo Amato, secrétaire de la Congrégation pour la doctrine de la foi, atteste que la position de la Congrégation est celle de l’évêque de Mostar, Mgr Ratko Peric (photo). Or pour celui-ci, les faits de Medjugorje ne sont pas surnaturels. Ils sont « non-surnaturels » (constat de non supernaturaliter).
Cette position du Vatican a encore été confirmée dans un entretien réalisé par Radio Mater en janvier de cette année avec Mgr Andrea Gemma, évêque émérite d’Isernia en Italie. Pour lui, le texte du communiqué des évêques de Toscane est explicite. Cette position officielle de l’Église est peu connue. Voici le texte du communiqué traduit par nos soins.

ACTE DE LA CONFERENCE EPISCOPALE DE TOSCANE

« Pendant la visite ad limina apostolorum des évêques de la région de Toscane, qui a eu lieu du 16 au 20 avril 2007, nous avons eu une réunion à la Sacrée Congrégation pour la doctrine de la foi avec son secrétaire, Mgr Angelo Amato, qui, alors qu’il parlait avec nous des apparitions de Medjugorje, nous a invités à rendre publique l’homélie de l'évêque de Mostar du 15 juin 2006, prononcée à la paroisse St-Jacques à Medjugorje (voir ci-dessous), pour éclairer le phénomène religieux lié à ce lieu. Répondant à cette invitation, nous la faisons connaître, et surtout nous demandons aux prêtres de la lire soigneusement et d’en tirer les conséquences nécessaires pour que nos fidèles soient correctement éclairés. »

Extrait de l’homélie de S. Exc. Mgr Ratko Peric, évêque de Mostar, à Medjugorje, le 15 juin 2006, à l'occasion de la solennité du Corps et du Sang du Christ.

« Premièrement, le fait qu'une personne fasse une humble confession et reçoive la sainte communion, ici dans cette église paroissiale, et qu’elle se sente renouvelée spirituellement grâce au pardon de Dieu doit inviter chaque croyant sans exception à reconnaître et rendre à Dieu une juste louange, car il est la source de toutes grâces. En même temps, cette personne fera attention de ne pas tirer de cet état de grâce une conclusion illogique et incohérente : “Je me suis confessé. Je me sens bien maintenant et je suis converti. Par conséquent la Vierge apparaît à Medjugorje !” Ce croyant et ce pénitent est malgré tout dans l’obligation de se rendre à la confession, de recevoir les autres sacrements, d’observer les commandements, que des apparitions privées soient reconnues ou non.

Deuxièmement, je serais un ministre irresponsable du Mystère du Corps et du Sang du Christ, si aujourd'hui je n’informais pas publiquement, de ce lieu et aussi en cette occasion, toutes les personnes intéressées aussi bien dans le monde entier, que dans cette Église locale de Mostar-Duvno, il existe ici quelque chose qui ressemble à un schisme.

Un certain nombre de prêtres, qui ont été expulsés de l'ordre franciscain OFM par le généralat de l'ordre, du fait de leur désobéissance au Saint-Père, ont conservé par la force pendant des années des églises paroissiales et des cures ainsi que des propriétés d’Église. Ils n’ont pas seulement exercé illégalement dans ces paroisses, mais ils ont également administré des sacrements sacrilèges, et d’autres invalides, comme la confession et la confirmation, et ils ont aussi participé à des mariages invalides. Ce type de comportement anti-ecclésial nous choque tous. En même temps, le scandale de l’administration sacrilège des sacrements, particulièrement du Très Saint Corps du Christ doit choquer tous les fidèles ainsi que ceux qui confessent leur péché à ces prêtres de manière invalide, ou participent à des liturgies sacrilèges. Nous prions le Seigneur que ce scandale et ce schisme soient déracinés aussitôt que possible du milieu de nous.

Troisièmement, je suis sincèrement reconnaissant au Très Saint-Père le pape Jean Paul II de sainte mémoire, et au pape régnant Benoît XVI, qui ont toujours respecté les jugements des évêques de Mostar-Duvno, le précédent aussi bien que l’actuel, pour ce qui concerne les prétendues “apparitions” et les “messages” de Medjugorje, tout en reconnaissant le droit du Saint-Père de délivrer une décision finale sur ces événements. Les jugements des évêques, après toutes les investigations canoniques faites jusqu'ici, peuvent être résumés par les points suivants :

Medjugorje est une paroisse catholique dans laquelle des activités liturgiques et pastorales sont effectuées, exactement comme dans toutes les autres paroisses de ce diocèse de Mostar-Duvno. Personne, exceptées les autorités officielles de l’Église, n’est alors autorisée à attribuer le titre formel de “sanctuaire” à ce lieu.

Sur la base des investigations de l’Église réalisée sur les événements de Medjugorje, il ne peut pas être déterminé que ces événements impliquent des apparitions ou des révélations surnaturelles. Ceci signifie que jusqu'à maintenant, l'Église n’a pas accepté, ni comme surnaturelle ni comme mariale, une quelconque de ces apparitions.

Les prêtres qui administrent canoniquement cette paroisse de Medjugorje ou ceux qui viennent comme visiteurs, ne sont pas autorisés à exprimer leurs opinions privées contraire à la position officielle de l'Église sur les prétendues “apparitions” et “messages”, pendant les célébrations des sacrements, ni pendant d'autres actes communs de piété, ni dans les médias catholiques.

Les fidèles catholiques sont non seulement exempts de toute obligation de croire en l’authenticité des “apparitions” mais ils doivent également savoir que les pèlerinages d'Église ne sont pas permis, qu’ils soient officiels ou privés, particuliers ou en groupes, ou venant d'autres paroisses, si ces pèlerinages présupposent l'authenticité des “apparitions” ou si en les entreprenant, ils tentent de certifier ces “apparitions”.

En tant qu'évêque du lieu, je maintiens que concernant les événements de Medjugorje, sur la base des investigations et de l’expérience acquise jusqu'ici, tout au long de ces 25 dernières années, l'Église n'a pas confirmé une seule “apparition” comme étant authentiquement celle de la Madone. Le fait que pendant ces 25 dernières années on ait parlé de dizaines de milliers d'“apparitions” ne donne aucune authenticité à ces événements. Notre pape actuel, que j'ai rencontré lors d’une audience le 24 février de cette année, a observé, selon ses propres paroles, qu’à la Congrégation pour la doctrine de la foi, ils se sont toujours interrogés sur le fait que ces “apparitions” puissent être considérées comme authentiques par les fidèles catholiques. Elles semblent particulièrement ne pas être authentiques quand on est informé à l'avance que ces prétendues “apparitions” se produiront :

À l’une des “voyantes” le 18 mars de chaque année, mais de plus elle bénéficiera également d’une “apparition” le 2 de chaque mois, avec des “messages” sur lesquels vous pouvez compter, en fonction de procédures établies.

Le second voyant bénéficiera d’une apparition chaque jour de l'année, et comme si ce n'était pas suffisant, une “apparition” spéciale supplémentaire le 25 de chaque mois avec une sorte de message public que l’on attend selon, la procédure habituelle.

Le troisième voyant bénéficiera d’une “apparition” le 25 décembre, le jour de Noël, avec un message semblable à ceux déjà mentionnés.

Le quatrième voyant bénéficiera d’une “apparition” le 8 septembre de chaque année avec un message spécial.

Les deux autres voyants bénéficieront des mêmes apparitions, chaque jour avec des “messages” qui peuvent être prévus puisqu'ils sont des variations sur le même thème. Ce fait, ainsi que la pléthore de prétendues apparitions, messages, secrets et signes, ne renforcent pas la foi, mais nous convainquent plutôt qu’en tout ceci il n'y a rien d’authentique, ni de vérité confirmée.

Par conséquent j'invite sérieusement ceux qui se prétendent être des “voyants”, aussi bien que les personnes derrière les “messages”, à faire montre d’une obéissance ecclésiale et à cesser ces manifestations publiques et la diffusion des messages dans cette paroisse. De cette façon ils montreront leur nécessaire adhésion à l'Église, en ne faisant pas primer des “apparitions” privées ou des paroles privées sur la position officielle de l'Église. Notre foi est une affaire sérieuse et responsable. L'Église est également une institution sérieuse et responsable !

Par l’intercession de la Sainte Vierge Marie, la plus grande détentrice des dons de l'Esprit Saint, qui à travers le même Saint-Esprit a conçu dans son corps et a donné naissance à la seconde personne de la Trinité, Jésus-Christ, qui nous donne son Très Saint Corps et Sang pour la vie éternelle, puisse-t-il — lui qui est le Chemin, la Vérité et la Vie — nous aider pour que la vérité sur la Sainte Vierge, sa Mère et la Mère de l'Église, Siège de la Sagesse et Miroir de Justice, puisse briller de tout son éclat dans cette paroisse et ce diocèse, sans même une once de manque de foi, et en accord complet avec les enseignements constants et la pratique de l'Église. Amen [© Trad. fr. Libertepolitique.com]. »

***
L’homélie de l’évêque de Mostar est la position officielle de l’Église. Elle n’implique pas — il faut y insister — que, comme dans beaucoup de cas analogues, par exemple à San Damiano, les grâces de conversion reçues par les pèlerins ne soient pas authentiques. Même si elle n’apparaît pas, la Vierge peut donner ses grâces à ses enfants sincères mais abusés par d’autres.

Il est possible aussi que la Congrégation pour la doctrine de la foi, pour des raisons pastorales, ne se prononce jamais de sa propre initiative par un décret. Mais en indiquant de manière officielle à des évêques italiens qui lui pose la question que sa position est celle de l’évêque de Mostar, et en leur demandant de faire connaître sa réponse, elle indique de manière très claire que son décret confirmerait le jugement de l’évêque de Mostar. Il est en effet exceptionnel que dans ces matières, la position de Rome contredise celle de l’évêque, qui est elle-même le fruit de plusieurs enquêtes conduites selon les normes en vigueur dans l’Église.


Ces dix jours qui ont fait Medj'
aux sources des apparitions de Medjugorje www.laprocure.com
Bouflet, Joachim
Résumé
Etude critique sur les premières apparitions mariales de Medjugorje. Présente les témoignages des premiers voyants, à partir de sources neuves ou occultées, pour démontrer comment le fait initial avéré a été détourné de sa finalité et récupéré. Dénonce également l'orchestration d'une dérive mercantile, voire mafieuse, et récuse les apparitions qui ont eu lieu après le 3 juillet 1981. Été 1981, une rumeur court la montagne bosniaque : la Vierge Marie, Gospa dans la langue du pays, apparaîtrait à des enfants de Medjugorje. Vingt-cinq ans plus tard, le phénomène apparitionnaire n'est toujours pas terminé : les voyants ont pris de l'âge, ils se sont mariés, sont devenus parents, voyagent mais bénéficient toujours de visions et de secrets qu'ils ne jugent pas utile de dévoiler.
Malgré les mises en garde des évêques successifs et les sanctions canoniques ayant frappé les religieux franciscains impliqués, Medjugorje est aujourd'hui un grand centre de pèlerinage attirant des fidèles du monde entier.
Bref, une source de grâces spirituelles selon les uns, mais une source de « honte pour l'Église et la foi catholique », selon l'évêque de Mostar. En tout cas, une affaire prospère sur laquelle veillent les partisans de Medj'.
Que s'est-il vraiment passé à Medjugorje entre le mercredi 24 juin 1981, jour de la première manifestation surnaturelle (qu'ont vu les enfants ?), et le vendredi 3 juillet 1981, jour annoncé, à l'époque, comme étant celui de la dernière apparition ?
Pour comprendre et éclairer ses lecteurs, l'auteur a choisi de remonter dans le temps et de circonscrire ses recherches au coeur du phénomène : les dix premiers jours.
Au terme, d'une enquête historique, spirituelle et théologique serrée, ayant accédé à des sources que l'on prétendait perdues ou introuvables, il démêle les fils d'une histoire finalement mal connue et largement réécrite par ses pieux thuriféraires.
Vendredi 06 Avril 2007
Une secte au sein de l’Eglise catholique ? www.vousmesparentsmesjuges.com
Sulfureuses Béatitudes
Il se passe des choses étranges dans cette « communauté nouvelle », l'une des plus importantes du monde catholique. Plusieurs de ses membres dénoncent des manipulations mentales, des abus de pouvoir, voire une entreprise de racket. Son fondateur a disparu. La justice est saisie, et l'Eglise bien embarrassée. Enquête de Marie Lemonnier
Il a un sourire jovial, une barbe vaguement méphistophélique. Un prénom inoffensif : Gérard. Mais il se fait appeler Ephraïm, du nom de l'une des douze tribus d'Israël. Où est-il aujourd'hui ? En Afrique ? En Espagne ? Gérard Croissant, alias frère Ephraïm, s'est volatilisé en mai 2006. «En ermitage» selon les siens, «en fuite» pour les gendarmes, il est dans le collimateur des organismes de prévention contre les sectes. Un juge d'instruction du tribunal de Castres aimerait bien l'entendre. Comment cet exétudiant en art a-t-il transformé en une trentaine d'années une petite communauté en un vaste mouvement implanté sur les cinq continents, du Liban au Burkina Faso, en passant par la Bosnie, le Canada ou le Mexique ? Comment ce chantre d'une nouvelle spiritualité empruntant à toutes les religions du Livre a-t-il obtenu la reconnaissance du Vatican ? Gérard Croissant est le fondateur des Béatitudes, un ensemble de 77 communautés religieuses présentes dans 30 pays à travers le monde. En France, ses 27 « maisons » (terme utilisé chez les « Béats » pour désigner chaque communauté) ont pignon sur rue à Blagnac, à Nouan-le-Fuzelier, à Lisieux ou à Lourdes. Elles sont installées dans de splendides monastères ou des châteaux. Animées le plus souvent par des chrétiens convaincus, attirant à elles des « communautaires » très engagés tout comme des paroissiens lambda qui se contentent d'assister à ses offices. Elles sont surtout adoubées par l'Eglise catholique.
Certes, ces dernières années, l'institution a pris ses distances avec frère Ephraïm. Lui-même ne dirige plus le mouvement. Mais il en reste l'un des principaux inspirateurs. Selon les associations de lutte contre les sectes, en tout cas, ses pratiques et ses préceptes sentent le soufre. Il aurait franchi la ligne jaune. Comme quelques autres responsables de « maison », appelés les « bergers » dans le langage communautaire. Aujourd'hui, ces associations ont entre les mains une quarantaine de plaintes, émanant de toute la France.
Surtout, depuis le 25 avril 2005, la justice est officiellement saisie par un couple de trentenaires opiniâtres. Myriam et Pascal Michelena (1), parents de trois enfants, ont séjourné entre 1999 et 2001 dans l'une des maisons des Béatitudes, au château Saint-Luc, à Cuq-les-Vielmur (Tarn). Pendant trois ans, ils ont vécu selon les préceptes de Gérard Croissant. Obéissance absolue, pauvreté, humilité... Un beau programme - ils y ont cru. Aujourd'hui, ils parlent d'esclavage, de racket, d'humiliations. Ils portent plainte pour «abus de faiblesse» et «travail dissimulé» : «On nous a fait croire que nous faisions partie de «l'élite». Comment avons-nous pu imaginer qu'une telle existence pouvait correspondre à un idéal de vie chrétien? Nous avons honte.» Que cachent les Béatitudes ? Une communauté fraternelle incomprise ? Seulement quelques dérives qui ne sauraient entacher l'ensemble du mouvement ? Ou une véritable secte qui s'est habilement infiltrée à l'intérieur de l'Eglise catholique ?
Selon la légende colportée par frère Ephraïm, tout aurait commencé autour d'une « quatre-saisons ». En 1973, en effet, il dîne dans une pizzeria de Montpellier avec sa compagne Jo et un couple d'amis protestants. Soudain, une «inspiration divine» frappe Gérard. «Et si on vivait en communauté?» Aussitôt, les quatre convives créent la Communauté du Lion de Judas et de l'Agneau immolé (qui sera rebaptisée en 1991 Communauté des Béatitudes). Gérard a alors 24 ans et il est membre de l'Eglise réformée. Il se destine à devenir pasteur. Mais il a rencontré Lanza del Vasto, le disciple occidental de Gandhi, militant de la non-violence et du dialogue interreligieux, qui a fondé sur le modèle des ashrams indiens la Communauté de l'Arche dans le sud de la France. Gérard Croissant a-t-il voulu imiter le philosophe contestataire en créant sa propre « succursale » ? Un autre événement décisif va l'influencer. En 1974, il part aux Etats-Unis et découvre les grands rassemblements évangéliques. Il est fasciné par ces prédicateurs ébouriffants qui haranguent des foules de born-again. Il voit des assemblées entières prises de transe, frappant des mains, habitées par l'Esprit saint. Les fidèles « parlent en langue », chantent dans un verbiage incompréhensible et exaltant. Gérard est emballé. Jo, elle, se fait poser une couronne sur laquelle un dentiste charismatique grave Jésus !
De retour en France, le couple retrouve les amis de la pizzeria et s'installent du côté de Charmes-sur-Rhône. Là, Gérard Croissant reçoit un nouveau « signe du ciel » : il doit renoncer au protestantisme et se tourner vers le catholicisme. Croissant - qui dans la foulée s'attribue le nom de frère Ephraïm - veut réveiller les cathos, faire passer sur eux le grand souffle qu'il a ressenti chez les évangéliques américains. Une légende de plus ? «M. Croissant s'était brouillé avec les protestants, assure aujourd'hui un curé qui l'a bien connu à cette époque. Il a toujours voulu constituer son propre mouvement. Il a profité de la faiblesse de l'Eglise catholique pour faire son beurre!» Un opportuniste, le futur prophète des Béatitudes ? Un cynique qui module ses inspirations divines au gré de ses intérêts ? «Un maquignon, oui!», dit le vieil abbé, très remonté.
Toujours est-il qu'Ephraïm est ordonné diacre en 1978. Mieux, sa petite troupe est décrétée «pieuse union» l'année suivante par l'évêque d'Albi, Mgr Coffy. Le fils prodigue, transfuge du protestantisme, est accueilli à bras ouverts. Choyé même, puisque l'évêché lui permet de s'installer dans le magnifique couvent des capucins de Cordes-sur-Ciel. La communauté de Cordes est la « maison mère ». Le coeur de l'entreprise Croissant. C'est là qu'Ephraïm va construire les fondements de son « Eglise ». Il l'inscrit dans la mouvance du Renouveau charismatique catholique qui apparaît dans la France baba d'après-68, dans le sillage du pentecôtisme nord-américain. La spécificité des Béatitudes ? Laïques, mariés ou célibataires vivent sous le même toit que des religieux consacrés. Un mélange qui suscitera bien des controverses au sein même de l'épiscopat. Mais, en ces temps de déchristianisation, comment ne pas se réjouir quand naît un nouveau mouvement qui recrute activement parmi la jeunesse ? D'autant que celui-là promet de renouer avec le modèle des premiers chrétiens communiant dans le partage des biens et de la pauvreté volontaire. Défendant le plus souvent des valeurs en perte de vitesse : l'hostilité à l'avortement ou au féminisme.
Pour les temps de prière communautaire, Ephraïm applique les méthodes « américaines » : guérisons miraculeuses, transe, glossolalie... Et met au point une liturgie très esthétique (aubes blanches, bougies, fleurs, danses, lectures en latin, chants en hébreu...) qui séduira bien au-delà du cercle des résidents des Béatitudes (voir encadré p. 11).
Ainsi va la « maison » de Cordes. Elle prospère, dans une ambiance très « familiale ». Philippe Madre, beau-frère d'Ephraïm, devient le premier « berger » de la « maison ». Jo s'assigne le rôle de grand argentier. Bientôt, elle voyagera à travers le monde, ordinateur portable sous le bras, pour relever les comptes de près de... 80 « maisons » ! Extraordinaire croissance. Les enquêteurs essaient aujourd'hui de démêler l'écheveau. Ils s'interrogent sur ses multiples sociétés et l'important patrimoine immobilier des Béatitudes (voir encadré p. 14). Certes, la communauté a bénéficié d'une aide de l'Eglise, mais aussi de dons de fidèles prompts à se défaire de leurs richesses matérielles. «Les engagés définitifs se dépouillaient de la totalité de leurs biens. Nous, nous devions verser une dîme sur toutes nos ressources», expliquent les Michelena.En trois ans, leurs 60 000 francs d'économies y passent.
Le couple raconte un rythme de vie harassant : laudes, messes, vêpres, oraisons... - et travail bénévole de 7h30 à 22 heures. Pascal trime au jardin puis au secrétariat. Myriam s'occupe des enfants et de la cuisine, pour des tablées pouvant aller jusqu'à soixante personnes les semaines de séminaires ! «Nous devions manger les restes avariés des supermarchés quand se construisait dans le même temps une maison à 6,5 millions de francs en contrebas du château et que le «berger» faisait appel aux services d'un paysagiste pour le parc!» Certains « bergers » semblent en effet avoir une vision toute relative du voeu de pauvreté. Philippe Madre demeure dans une résidence avec piscine, attenante au monastère de Cordes. Un autre de ces bons « pasteurs » s'est offert une maison de sept chambres avec minigolf près d'Arcachon. Et le prophète Ephraïm ? Christian T., artisan, a travaillé six mois à la réfection de son Moulin de Marie, dans les Landes. Il se souvient d'y avoir installé «fausses cloisons, baignoire d'angle, Jacuzzi et sèche-serviettes d'une valeur de 1 500 euros». Comme l'attestent ses relevés bancaires, il était rémunéré en liquide, ou avec les chèques de dons sans ordre (allant parfois jusqu'à 6 000 euros) qu'étaient priés de verser les adeptes venus suivre une « formation à l'accompagnement spirituel » pour une somme oscillant entre 400 et 800 euros les quatre jours.
Car la communauté organise aussi des stages. Ephraïm se veut une sorte de thérapeute religieux. N'hésitant pas à faire le grand écart entre théologie et psychothérapie. Côté théologie d'abord : après plusieurs séjours en Israël, il élabore une spiritualité mélangeant judaïsme, protestantisme et orthodoxie sur fond de catholicisme. Comme certains évangéliques, il est convaincu que seul le rapprochement de tous les chrétiens avec leurs racines juives peut réaliser les conditions du retour du Christ sur terre (dont les guérisons spontanées et autres miracles seraient les premiers signes). Côté « psy » : il prône des thérapies plus ou moins New Age censées mener à la « guérison intérieure ». Résultat : dans les « maisons », le « berger » est à la fois un « médiateur vers Dieu » et un « accompagnateur psychospirituel ». «On vous maintient dans une introspection permanente, dans une confusion des plans psychologique et spirituel complètement déstructurante», explique Pascal Michelena. «Il est alors très facile de vous couper de vos parents en les accusant de ne pas vous apporter tout l'amour que vous réclamez, mais qu'heureusement vous pouvez trouver en Dieu», ajoute Myriam, qui évoque une véritable «manipulation mentale». Une «emprise» renforcée par la peur de l'extérieur. Chaque jour, on leur répète que «l'Esprit du monde est infesté par le Diable personnifié». Un seul salut, la communauté et le «renoncement au monde», «à toute propriété», «à soi», «à sa volonté», l'«obéissance» absolue à la «Règle» et au «berger» à qui l'on doit «soumission» et «transparence fraternelle»!
«C'est un système qui donne un pouvoir colossal aux responsables des «maisons», confie un ex-communautaire qui veut garder l'anonymat. Pour peu qu'ils aient une personnalité tordue, ils deviennent des petits gourous.» Jacques Héliot, président de l'Association Vie religieuse et Familles (Avref), qui a reçu plusieurs témoignages d'ex-« Béats », confirme : «Dans certaines «maisons», les membres n'ont plus la liberté de penser ou d'agir.»
Mme D., par exemple, n'a pas revu sa fille depuis sept ans. «Ces sessions d'agapéthérapie [« guérison par l'amour de Dieu »] détruisent tous les liens!», se révolte cette mère impuissante. En 2005, sa fille l'a cependant contactée : elle lui a réclamé 250 000 francs... pour la communauté. Mme D. n'a pas voulu céder. Elle est depuis sans nouvelles.
«Les parents sont nombreux à nous solliciter, confirme l'Unadfi, l'association d'aide aux victimes de sectes, mais ils ne peuvent pas déposer plainte : leurs enfants sont majeurs.» En attendant, certains guides « psychospirituels »vont parfois jusqu'à promettre la guérison du cancer, du sida ou de l'homosexualité, et développent leurs activités. Ou les déplacent, quand des inspections se font trop pressantes. Ainsi que semble le faire un autre beau-frère de Gérard Croissant, Roland Blanquart, ex-cuisinier autoproclamé psy, qui a un programme très chargé du côté de la Suisse pour l'année à venir. Guy Rouquet, président de Psychothérapie Vigilance, se désole : «Il y a beaucoup de gens sincères à l'intérieur de la communauté qui ne voient pas la superstructure et la manière dont ils sont utilisés et abusés.»
Pour compléter leur «cauchemar», les Michelena ont appris par hasard qu'un prêtre condamné quatre mois plus tôt par la cour d'appel de Rouen à cinq ans de prison pour pédophilie sur mineurs de moins de 15 ans logeait en toute tranquillité au-dessus de la chambre de leurs trois enfants, dans la « maison » de Saint-Luc où ils séjournaient. Et ce en contradiction flagrante avec les indications de la cour. Le « berger » d'alors lui avait même accordé le titre d'« accompagnateur psychospirituel » !
En 2004 aussi, dans le « petit séminaire » créé par les Béatitudes (une école hors contrat installée en 1988 à l'abbaye d'Autrey, dans les Vosges, pour assurer la relève), un autre prêtre a été accusé de pédophilie. L'affaire a cependant abouti à un non-lieu. L'un des garçons qui se disait victime s'est depuis suicidé. Un ancien élève de l'établissement, très affecté, témoigne également des «exorcismes pratiqués sur les élèves qui montraient le moindre signe d'insoumission».
Simples brebis galeuses ? Accidents de parcours ? La « modération générale » de Blagnac, instance supérieure de la Communauté des Béatitudes, sollicitée par « le Nouvel Observateur », refuse de commenter les accusations qui pèsent aujourd'hui sur les « maisons » et leur fondateur. En décembre 2002, le modérateur général avait pourtant envoyé une « lettre de pardon » «aux frères et aux soeurs ayant vécu à la communauté et l'ayant quittée». Il s'était excusé «pour les fautes commises et pour les souffrances infligées». Le père Bernard Marie, nouveau « berger » depuis septembre, de l'ancienne « maison » des Michelena, évoque quant à lui d'«éventuelles erreurs de jeunesse». Lors d'une AG de novembre, les statuts de la communauté ont été révisés. Un léger nettoyage à destination du Conseil pontifical ? Les évêques, eux, sont embarrassés. Un rapport interne et confidentiel d'avril 2005 les invitait déjà à être vigilants sur «les conséquences graves sur la liberté de la personne et ses rapports familiaux » que peut entraîner la confusion des plans spirituel et psychologique dans les communautés. L'Unadfi et la Miviludes (voir encadré p. 12) ont aussi alerté les autorités ecclésiales à de nombreuses reprises. Mgr Maupu, président de la commission sur les associations laïques, plaide pourtant le «manque d'information». Plus au fait, Mgr Carré, évêque d'Albi, affirme avoir «signalé un certain nombre de problèmes». Seulement, «les évêques n'ont pas autorité sur les associations de laïques. Ce sera à Rome de trancher», conclut-il prudemment.D'autant que fin 2002 les Béatitudes ont été reconnues par Rome «association internationale laïque de droit pontifical ad experimentum» pour cinq ans. Une consécration.
Aux dernières nouvelles, Ephraïm aurait fondé au Sénégal une association pour les enfants de Dakar. Par internet, il réclame «en urgence» à ses fidèles «entre 75 000 et 120 000 euros» pour acquérir «un terrain ou une maison» !
(1) Myriam et Pascal Michelena racontent leur expérience dans « les Marchands d'âmes. Enquête au coeur des Béatitudes : les thérapies chrétiennes en question », Golias

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